Mardi 7 avril 2009, 16 h à 18 h
Agora du Carrefour de l'information
Retransmis en visioconférence au Campus de Longueuil, salle 523
Activité d'ouverture
Université 2.0?
Doit-on adapter la formation universitaire aux natifs du numérique?
René Barsalo |
Mario Asselin |
Jean-Claude Guédon |
Allocution de Martin Buteau, secrétaire général, vice-recteur aux
études et vice-recteur aux ressources informationnelles
Table ronde réunissant René Barsalo, directeur recherche et stratégie à
la Société des arts technologiques, Mario Asselin, directeur général chez
Opossum apprentissage et technologies et
blogueur, ainsi que Jean-Claude Guédon, professeur à l'Université de Montréal
À l'heure des blogues, des wikis et des réseaux sociaux, Marc Prensky (2001)
et plusieurs auteurs affirment que les générations actuelles d'étudiantes et
d'étudiants se désintéressent de la formation telle qu'elle s'offre dans nos
institutions. Selon Prensky, leur façon même d'apprendre aurait été
profondément modifiée par des années de partage sur Internet. Les modes de
transmission des connaissances privilégiés à l'Université sont-ils devenus
désuets? Résiste-t-on plutôt à une mode de plus?
Au nombre des questions qui seront abordées :
René Barsalo
Comment des recteurs et directeurs ayant étudié à l'arrivée de la radio, en
équipe avec des professeurs ayant étudié à l'arrivée de la télévision,
peuvent-ils comprendre des projets et préoccupations issus d'étudiants nés
avec le web? Pour mieux comprendre l'organisation en métamorphose, un regard
neuf sur les générations s'impose, particulièrement sur leur culture en
matière d'outils et de canaux privilégiés de communication. Quoi faire
lorsque plusieurs membres de la communauté universitaire considèrent encore
leur ordinateur comme la juxtaposition d'un écran de télé avec une dactylo
et qu'ils s'émerveillent encore sur le fait qu'ils puissent aussi le
transformer en radio ou en lecteur de rayons X?
Communicateur et designer depuis plus de 30 ans, René Barsalo est également
un analyste et veilleur influent du secteur de la culture numérique. Au
cours de cette période, il a fondé et dirigé plusieurs entreprises
pionnières dans les secteurs de la communication, du multimédia et du
logiciel. Il est en quelque sorte un témoin privilégié de la transformation
radicale de l'espace culturel à l'arrivée du numérique.
Entrepreneur et conférencier hyperactif en culture numérique, il s'est joint
à l'équipe de la Société des arts technologiques (SAT) en juin 2004 pour
contribuer à sa reconnaissance locale et internationale en innovation et en
recherche. Dans le cadre de ses activités de recherche à la SAT, il est
l'initiateur du concept de HubUrbain pour transformer, sur demande, les
salles de spectacles et les ateliers d'artistes en studio de transmission et
réception par le biais des réseaux IP à très haute vitesse.
Mario Asselin
Fichier PDF de la présentation (3,2 Mo)
On dit souvent des étudiantes et étudiants universitaires d'aujourd'hui et
de demain qu'ils sont motivés à apprendre, mais plutôt réticents à être
formés. La capacité des étudiants de publier du contenu (texte, son, image,
vidéo) facilement et de le partager à grande échelle semble vouloir changer
la posture du professeur qui lutte encore pour demeurer une source
importante de savoirs. Dans ce contexte, l'université doit-elle privilégier
le rayonnement de son expertise en prenant parti pour celui qui enseigne, ou
doit-elle plutôt agir de façon à faciliter les dispositifs de partage et
d'accès à toutes les sources valables de connaissances, renouvelant ainsi
son expertise en pédagogie? Et si l'utilisation des TIC faisait davantage
partie des solutions que des problèmes dans ce passage de la société de la
connaissance à celle des connaissants?
Mario Asselin est reconnu pour ses interventions rassembleuses dans le
milieu scolaire. D'abord à titre de chef d'établissement pendant une
quinzaine d'années au secondaire en Estrie et au primaire à Québec, après
quelques années d'enseignement et d'animation. Ensuite en tant que
professionnel engagé dans plusieurs projets où l'utilisation des logiciels
sociaux est au centre des apprentissages.
Le coaching a toujours eu beaucoup d'importance dans la vie professionnelle
de cet éducateur physique de formation. Mario Asselin conseille les
institutions, les entreprises et les ministères au Canada et en France pour
que les occasions de formation respectent les usages favorisant l'émergence
d'une vaste communauté d'apprentissage. Il est associé et directeur général
d'Opossum, apprentissage et technologies, une entreprise membre du groupe
iXmédia. Il anime vigoureusement un blogue très fréquenté, Mario tout de go,
qui est devenu une composante de son portfolio numérique et sur lequel il
entretient des conversations web depuis bientôt sept ans.
Jean-Claude Guédon
Après les divisions du savoir héritées du Moyen-Âge, le début du 19e siècle
a vu s'affirmer la structure des disciplines. Celles-ci se sont affermies
avec le temps, structurant toujours plus les cadres de la pédagogie et, de
ce fait, elles se sont enracinées institutionnellement de plus en plus
profondément.
Le monde numérique offre une série de possibilités qui bouleversent ces
traditions. En particulier, le concept de réseau (Y. Benkler, D. S. Grewal)
remet en question les frontières institutionnelles qui font de nos
universités, facultés et départements, quand il ne s'agit pas des
professeurs eux-mêmes, autant de silos intellectuels. Les natifs du
numérique, pour leur part, agissent beaucoup plus spontanément selon les
préceptes des réseaux et recherchent le pouvoir d'une intelligence non pas
collective, mais bien répartie ou distribuée. Il en résulte de nouvelles
façons de concevoir l'articulation entre concurrence et collaboration, et
les questions d'excellence et de qualité reparaissent profondément
transformées. Bref, en changeant d'essence, l'entité universitaire devra
également revoir ses fonctions et modes de fonctionnement.
Les principaux champs d'intérêt de Jean-Claude Guédon sont les rapports
entre texte et technologie, la cyberculture, la publication électronique et
les bibliothèques numériques, les conséquences culturelles, légales,
linguistiques et sociales de l'Internet ainsi que les questions d'archives
ouvertes et les logiciels à code source ouvert. Les problématiques de
l'intelligence distribuée et de l'individualité phonémique retiennent son
attention. Il est l'auteur de La planète cyber L'Internet et le cyberespace
de la collection «Découvertes» publié chez Gallimard (Paris, 1996), livre
largement diffusé et dont une deuxième édition a paru en 2000 sous le titre
Internet Le monde en réseau.
Récipiendaire de plusieurs prix et distinctions, Jean-Claude Guédon est l'un
des signataires initiaux de Budapest Open Access Initiative (BOAI),
mouvement soutenu par la fondation Soros pour ouvrir l'accès aux revues
savantes. Depuis fin 2002, il est membre du Sous-conseil (Information) de
l'Open Society Institute et membre du comité directeur de eIFL.net (Electronic
Information for Libraries). Il a été vice-président de la Fédération
canadienne des sciences humaines de mars 2006 à novembre 2008. Enfin, il est
membre du conseil scientifique d'OAPEN (Open Access Publishing in European
Networks). Chaque année, il prononce de 20 à 30 conférences un peu partout
dans le monde.